Pour ce numéro, je signe le portrait d’un personnage de légende, très attachant, Steve Prefontaine, raconté par son ami Kenny Moore. (Texte brut d’origine à la suite, version très légèrement retouchée avant édition)
Titre: Quand la complainte est bonne
L’Américain Steve Prefontaine occupe une place à part dans la galerie des grands coureurs à pied. Celle d’un homme qui semble avoir défié et vaincu l’éternité. Tout simplement! Mais que les scientifiques ne s’émeuvent pas ou ne se mettent à chercher frénétiquement d’accents mystiques dans cette interview. Kenny Moore parle de son ami et frère de coeur, avec bonhommie et lucidité, sans jamais se départir de cette familiarité que n’ont pas effacées 40 années d’absence.
Légende
Kenny Moore (69 ans) a fini quatrième au marathon des Jeux olympiques de Munich en 1972, la même place que Prefontaine sur 5000 mètres. Assurément la pire. A l’époque, ces deux champions se voyaient entraînés par Bill Bowerman, co-fondateur de Nike, également célèbre pour avoir introduit le jogging aux Etats-Unis. Reconverti dans le journalisme sportif, Kenny Moore raconte tout cela et un peu plus encore dans son livre Men of Oregon (Les hommes de l’Oregon, Ed. Rodale, 1996). Moore sera en outre prochainement à l’affiche du film de Pierre Morath, Free to Run, une coproduction Point Prod (Suisse), Yuzu Productions (France) et Eklektic Films (Belgique).
Monsieur Moore, vous rencontrez Steve Prefontaine en 1969. Quelle est immédiatement votre première impression?
Je connaissais précisément la ville d’où Steve était originaire parce que lorsque j’étais enfant, ma famille et moi, allions souvent pêcher le crabe à Coos Bay. Mes plus anciens souvenirs remontent d’ailleurs singulièrement à cette période d’après-guerre. La côte était alors en pleine mutation. Partout, de nouvelles constructions jaillissaient de terre et les forêts tombaient, massivement détruites. J’ai suivi tout cela au plus près comme mon père travaillait dans le secteur de… l’acier! Mais devant l’essor dont je vous parle, celui-ci a fait le choix de vendre une partie de son patrimoine pour construire des scieries à bois. Nous vivions en permanence dans un vacarme terrible, à un point tel que j’en ressens encore de l’effroi aujourd’hui, c’est vous dire! Rétrospectivement, en analysant les choses, je dirais que toute cette époque semblait marquée du même sceau: celui de l’explosion et de la démesure. Même les bateaux à quai semblaient monstrueux. Et je ne vous parlerai même pas des grues de levage…Dans l’imaginaire collectif, que je partageais, quiconque venait de Coos Bay se voyait assurément doté d’une force exceptionnelle, en adéquation avec la ville. Et en cela, Steve s’avérait un sérieux représentant…
Vous rappelez-vous des circonstances précises de la rencontre?
Bien sûr, je m’en souviens même très clairement. C’était à la cantine du camp d’entrainement de l’Université de Miami, la veille de notre championnat national (*). Je connaissais son entraineur, monsieur Walt McClure. C’est lui qui nous a présenté l’un à l’autre. Sur le coup, Steve m’a paru tellement jeune. On aurait presque dit un enfant. Sa candeur semblait intacte.
Vous le connaissiez déjà de réputation.
Oui. Je savais qu’il avait fait tomber le record national du « 2 miles » cet été là. Moi-même, je n’étais pas en Oregon lorsque cela est arrivé. J’étais avec l’armée dans un camp d’entrainement à San Pedro, en Californie. Mais vous savez sans doute comment cela fonctionne ; les nouvelles se propagent vite parmi les coureurs. J’ai rapidement su qu’il avait fait l’incroyable. Aussi l’ai-je tout naturellement félicité pour cette performance, le jour où nous nous sommes rencontrés. Il m’a répondu très calmement que les conditions avaient été idéales et que cela ne se représenterait assurément pas le lendemain. En Floride, il faut en effet s’attendre à de la chaleur et surtout une humidité relative qui dépasse bien souvent les 80%. Je me rappelle qu’il avait ajouté plus doucement n’avoir encore jamais été confronté à de telles conditions. J’ai bien sûr repensé, non sans sourire, à cette discussion pendant la course, lorsque je l’ai vu dépasser sans la moindre peine, un à un, tous ses concurrents. Ce jour-là, j’ai compris en le voyant de mes propres yeux que ce garçon était réellement, si j’ose vous le dire ainsi, un sacré coriace.
Steve est souvent présenté comme un rebelle, le James Dean de la course à pied. La presse s’en repaissait à son sujet. Est-ce que cela n’agaçait pas les autres coureurs?
Très sincèrement, si tel fut le cas, je ne lui ai connu aucun ennemi. Ni dans l’équipe, ni au dehors. Et à considérer objectivement les choses, c’est normal: nous ne pouvions pas véritablement lui en vouloir. Steve était un jeune homme impétueux, entier et terriblement attachant. Dans une discipline massivement dominée par l’introversion, il était joyeux, exubérant, bateleur. D’ordinaire, notre sport invite à économiser notre énergie, à calculer avec parcimonie, à essayer de rentabiliser au plus près chaque effort. Mais lui ne correspondait pas du tout à ce profil. Il semblait déborder d’une intarissable vitalité. Il faisait toujours dix choses en même temps sans se soucier de dispersion. Si par exemple vous l’invitiez à diner, il se pouvait tout à fait qu’en l’espace de trois quart d’heure, vous soyez toujours à table alors que lui, dans le même temps, aurait eu le temps de manger, de débarrasser, de faire la vaisselle, vous ranger deux ou trois affaires, et de passer quelques coups de fil importants. Inutile donc de préciser que c’est de cette époque que me vient l’habitude de consommer mon dessert tout seul !
Correspondait-il à l’image du résistant, suggérée dans ma question précédente, autrement dit ce caractère de rebelle qu’on lui prête communément?
Oui. C’est indéniable. Franck Shorter (**) le surnommait « our great complainer – the one who turns bad to good » (NB: Notre héros de la complainte, celui qui change le mauvais en bon). Il râlait beaucoup, c’est un fait avéré. Parallèlement, il foisonnait d’idées et de solutions nouvelles pour résoudre les problèmes qui se posaient à nous, tel un émissaire infatigable, un champion des temps anciens, il semblait comme habité d’une mission ! Et ce, sur n’importe quel problème. Il pouvait s’agir d’incohérences dans le programme d’entrainements conçu par Bill, d’une mésentente au sein l’équipe, d’un problème de gestion financière ou de stocks du matériel… Il fallait qu’il monte au créneau pour rétablir l’idée qu’il se faisait de la justice. Sa propre mère s’en plaignait régulièrement bien qu’elle y fut habituée: « pourquoi diable faut-il que cela tombe toujours sur toi? »
Elle avait raison de s’en inquiéter car Steve prenait des risques. Il défendait notamment la position des athlètes au sein de l’AAU, ce qui nous valait de flirter régulièrement avec des sanctions diverses. Sans exagérer, et au risque de me répéter: Steve était de tous les combats et sur tous les fronts. Au surplus, comme il était doté d’une belle imagination, d’une audace insolente et d’une étonnante force de persuasion, son activisme permettait souvent d’élégantes sorties de crise.
Alors en effet, pour reprendre la question, il se plaignait: c’était en cela «un résistant». Mais de ces plaintes sont nées de meilleures chaussures pour courir. De ces plaintes sont issues quantités de soins spécifiques dont purent bénéficier les athlètes après lui. De ces plaintes sont venus des statuts, de la reconnaissance, des améliorations, une réelle avancée pour la course à pied. C’était une plainte altruiste, qui ne trichait pas. Et de tous les progrès que nous avons obtenus, aucun n’auraient eu lieu sans l’action de Steve.
A l’époque, votre entraîneur Bill Bowerman concevait des chaussures sous la marque Blue Ribbon Sports qui deviendra Nike, plus tard. Etiez-vous obligés de les porter?
Pas du tout. Nous portions les chaussures qui nous convenaient le mieux. C’était l’unique règle absolue. Certains athlètes au sein de l’équipe couraient d’ailleurs en Adidas. Bowerman nous enjoignait seulement à « respecter nos pieds ». C’était son exacte expression. Son obsession même, si je puis dire! Nous discutions beaucoup avec lui de ce que nous voulions en tant que coureurs. Cela recouvrait même un caractère amusant. Steve et moi faisions part de nos doléances après chaque course et durant le processus de création. A charge pour Bill de bricoler ses nouveaux modèles. C’est ainsi qu’est née la fameuse chaussure « Cortez ». Encore d’une complainte, en vérité !
Dans votre livre, vous écrivez qu’un athlète se trouve poussé vers l’excellence par une motivation profonde et parfois cachée des autres. Savez-vous qu’elle était la sienne?
Steve Prefontaine portait une énergie particulière. Une sorte de feu sacré. Cela remontait à l’enfance, je pense. En grandissant, il avait pris conscience de ce talent et entreprit d’en faire quelque chose. Notre entraineur, Bill Bowerman avait une formule subtile pour cela. Il disait: « Le talent est père de tempérament ».
Cela signifie à la fois que le talent est souvent sous-tendu par une bonne dose de tempérament, un moteur qu’il faut apprendre à canaliser et maitriser pour l’exploiter au mieux. Mais cela explique aussi que si le talent est à l’origine de toutes choses, il ne saurait pourtant suffire. Après le talent, il faut un tempérament, une volonté, l’envie.
Certaines personnes naissent douées: mais ce n’est pas assez. Il faut qu’elles sachent qu’elles ont été touchées par la grâce, qu’elles en prennent conscience et qu’elles agissent sur ce don. Faute de quoi, rien ne peut durablement advenir. Prefontaine réunissait toutes ces qualités. Très jeune, il s’est consacré corps et âme à l’athlétisme. Il voulait devenir meilleur, toujours meilleur. « what I want is to be number one » ( « ce que je veux c’est être le premier ») est une de ses plus célèbres citations. C’était quasiment de l’ordre du compulsif chez lui.
N’est-ce pas un peu le lot de tous les champions, à votre avis?
Sans doute avez-vous raison. Mais disons alors qu’il poussait plus loin que les autres ses aspirations d’excellence. Il ne lui suffisait pas de courir. Il ne lui suffisait pas de gagner. Il recherchait autre chose. Aux derniers temps de sa vie, il en était venu à se considérer comme une sorte d’artiste. Chaque course se devait d’être une oeuvre. Et dans son esprit, le fait qu’elle soit ratée ou réussie ne dépendait pas forcément du chronomètre ou de la place à l’arrivée, mais plus subjectivement de sa capacité à produire des sentiments forts. Comment dirais-je ceci en peu de mots? Il recherchait cet instant de fusion délicat qui se produit parfois, lorsque tout semble venir s’agencer parfaitement à sa place dans un temps et un lieu précis. Quand le réel semble céder la place à l’onirique absolu. Il y avait cette magie sous les semelles de Steve Prefontaine. Mais comment vous raconter avec des mots la vision de cet indicible? Je ne peux partager avec vous ce mystère.
Pensez-vous qu’il aurait pu aller encore plus loin?
J’en suis certain. Steve était une personne à maturation lente. C’est pour cela qu’en plus d’une insoutenable tristesse, sa mort fut porteuse de frustration (***). A 24 ans, il n’avait pas fini de grandir et sa conception totalement originale de la course n’était pas aboutie.
Comment supportait-il la médiatisation dont il faisait l’objet?
Vous faites bien de poser la question car, effectivement, ce n’est pas aisé à vivre. Les gens se font le plus souvent une image tronquée de la notoriété. Certains jours, vous avez envie de tout, sauf que l’on vous photographie dans la rue et que l’on étale votre intimité dans les journaux. C’est d’autant plus difficile à gérer qu’on est jeune et donc mal armé pour prendre de la distance. Dans l’ensemble cependant, je considère que Prefontaine savait faire face. Il prenait tout cela avec un détachement certain. En fait, on pourrait presque dire que les exigences des médias pesaient peu par rapport à celles qu’il se fixait lui-même. Peut-être car à la différence de beaucoup d’athlètes que j’ai connu, Steve ne courait pas pour échapper à quelque chose (la misère, la solitude, l’anonymat ou que sais-je encore?) mais qu’il courait « pour » quelque chose. Marquer les consciences et les gens. Etre tout en haut. Une certaine idée de transcendance encore…C’est dans cet esprit «inspiré» au sens sémantique du terme de l’inspiration, qu’il est parti pour les Jeux de Munich, avec en objectif tangible de gagner la médaille d’or. Il le disait haut et fort. Il ne cachait pas ses batailles, il se sentait tenu à l’impossible.
N’était-ce pas un manque de respect par rapport aux autres membres de l’équipe américaine, notamment dans la mesure où il y avait deux autres coureurs américains sur la distance: Leonard Hilton et George Young ?
Gageons que Prefontaine leur était tout de même assez nettement supérieur. D’ailleurs il s’est qualifié avec le deuxième temps des séries (NB: dans la foulée du Belge Emiel Puttemans). Mais, c’est vrai, il pouvait être hautain sans pour autant souhaiter blesser quiconque. A vrai dire, ses pas comme ses pensées filaient très vite à ce moment de sa vie. Il parlait de son envie à lui, avec encore cette candeur et une spontanéité totalement atypique, mais sans penser aux conséquences sur le ressenti des autres coureurs. Bowerman disait de lui à ce sujet: « c’est le genre de gars à filer avec la baraque en ayant retourné le jardin ».
Qui était le patron dans cette relation, entre Prefontaine et Bowerman?
Cela ne s’est jamais posé en ces termes de hiérarchie. Au commencement, Bowerman nous traitait pour ce que nous étions, c’est-à-dire de jeunes coureurs qu’il avait choisi pour leur talent, mais qui devaient tout apprendre de leur sport. Nous avions un programme à respecter. Par exemple, Steve commençait sa journée avec une sortie de 10 miles, soit une heure d’effort calée sur une allure de 6 minutes au mile (NB: soit 3 minutes 45 au kilomètre). Pour un métabolisme comme le sien, ce genre de footing ne représentait pas une forte charge et il s’acquittait consciencieusement de sa tâche quelque soit le temps ou le programme de la veille. Ensuite, la relation entre eux a évolué au fil des saisons à mesure que Steve a vieilli. Bowerman a entendu les aspirations de Steve, auxquelles vraisemblablement il adhérait. Quoi qu’il en soit, il entendait gérer la carrière de Steve, ainsi que celles de tous ses athlètes, comme des oeuvres en devenir. C’est ainsi que progressivement, Steve, lui, nous tous, avons fait évoluer le rapport élèves/professeur en une relation de collègues de travail.
Bowerman était en effet aussi votre entraîneur. A un moment de votre carrière, il trouvait d’ailleurs que vous en faisiez trop et vous l’a clairement fait savoir en vous intimant l’ordre de réduire votre charge de travail de façon « musclée ». Vous racontez cela avec beaucoup d’humour dans votre ouvrage. Cependant, je m’interroge. Pour une personnalité comme Steve, qui considérait que ralentir en course était « immoral », comment pouvait-on faire?
(Il rit). Le freiner? C’était en effet une entreprise vouée à l’échec! En conséquences, Bowerman essayait de lui faire miroiter, non sans véracité, que pour aller plus loin encore, il fallait « leurrer » le quotidien en acceptant des jours « fourbes » où il faudrait ralentir. Tout cela s’inscrivait dans une appréhension globale de la stratégie de course, sinon Steve n’aurait jamais accepté de ralentir, pas même un jour, pas même une seconde. Il fut aussi question très souvent de la place du lièvre en course. Bowerman nous conseillait de rester dans le groupe dans une course où tous les participants sont d’un niveau équivalent: pour lui, la place de lièvre dans cette configuration n’avait de sens que si l’on espérait réalistement, au final, prendre le large. Faute de quoi, cela consistait à endosser le rôle de martyr qui fait la course pour les autres et se retrouve terrassé dans les 200 derniers mètres.
C’est exactement ce qu’a fait Prefontaine à Munich, pourtant?
Je ne le crois personnellement pas. On a tellement parlé d’erreurs tactiques à propos de cette course. Pour connaitre intimement Steve, je demeure persuadé qu’il ne s’agit pas de cela. En finale de ces Jeux, il a tenté un coup, certes audacieux mais réaliste: parmi tous les meilleurs athlètes du monde, il avait sa place, malgré son âge et il s’en est fallu de peu pour qu’il réussisse. Il visait l’or et la manière comme toujours. Mais était-il si loin d’y parvenir? Je ne le crois pas. Ce fut un échec, il faut le reconnaître. Mais cela ne signifie pas qu’il n’avait aucune chance, ni que son choix n’ait pas été réaliste. Si j’avais été à sa place, j’aurais aimé avoir le courage et la lucidité d’essayer de faire comme lui.
Comment a-t-il vécu cette défaite, la première de sa carrière?
Difficilement, surtout après toutes ses bravades dont il pu prendre subitement conscience. D’une certaine manière, je pense paradoxalement que cela lui a fait du bien, dans le sens où cela l’a changé. Après les Jeux, il ne fut plus jamais tout à fait le même. La défaite dans le 5000 mètres, en plus des événements vécus en direct (NB: la prise d’otages des athlètes israéliens par un commando palestinien) l’ont marqué. Profondément et longtemps après. Pour vous donner un exemple tangible, je le trouvais beaucoup plus à l’écoute. Vis à vis de moi, son ami, mais aussi vis à vis des autres membres de l’équipe. On eut dit qu’il avait compris que l’audace et la confiance en soi ne suffisaient pas et qu’au lieu de tout renverser sur son passage, il était parfois avisé de savoir contourner les obstacles et prendre son temps. Il était devenu, relativement, plus sage: ce qui faisait de lui un concurrent encore plus redoutable. On a dit que Steve aurait fait un formidable homme politique s’il avait vécu. Moi je crois qu’il aurait surtout été un homme formidable et un ami plus exceptionnel encore. Et puis que, accessoirement, il aurait été très difficile à battre aux Jeux de Montréal. Personne ne le saura jamais. La vie lui a réservé un autre destin. Et aujourd’hui, des années plus tard, c’est une complainte quotidienne qu’à mon tour j’adresse au destin.
Propos recueillis par Anne-Sophie Girault
(*) L’athlétisme est régi par l’Amateur Athletic Union (AAU) qui s’avère être la plus grosse organisation sportive à but non lucratif aux Etats-Unis. (**) Franck Shorter est double médaille olympique sur marathon: l’or aux Jeux de Munich en 1972 à Munich et l’argent quatre ans plus tard à Montréal. (***) Steve Prefontaine est mort sur la route le 30 mai 1975. Il avait seulement 24 ans. Lire à ce propos le récit tragique de son accident dans Zatopek n°27, page 26